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Logic
Audio 4.7
N'étant
pas un grand spécialiste de Logic, j'ai préféré
diffuser ce test de la version 4.6 réalisé pour le numéro
6 du magazine Create par Guillaume Bouchateau.
Développé
à l'origine sur Atari ST par les concepteurs du célèbre
Notator, Logic est très vite entré dans le club très
fermé des séquenceurs Midi professionnels, aux côtés
de Performer, de Cubase et de Cakewalk. Héritant de l'excellent
éditeur de partitions de son ancêtre, il s'est immédiatement
distingué de ses concurrents par son orientation objet, souple
et puissante, malgré son aspect déconcertant pour les non?initiés.
Rapidement décliné sur Mac et sur PC, le logiciel a continuellement
évolué, négociant en douceur le passage à
l'audionumérique pour former, comme ses petits camarades, un studio
virtuel complet servant à enregistrer, à monter et à
mixer toutes sortes de productions musicales.
Toutefois, malgré ses nombreuses qualités, Logic - devenu
Logic Audio - a connu quelques problèmes de croissance lors de
son passage en version 4.0, à l'été 1999. Totalement
réécrit pour la circonstance, le logiciel allemand souffrait,
à sa sortie, de l'absence d'instruments virtuels et, surtout, sa
déclinaison Windows présentait quelques incompatibilités
d'humeur avec de nombreuses cartes audio.
Ces
petits soucis ont été réglés successivement,
d'abord par l'arrivée d'instruments logiciels, ensuite par le portage
sur PC du moteur audio de la version Mac, mieux finalisé. Mais
la plus grande innovation de la version 4.5, commercialisée à
l'automne dernier, tenait à l'introduction du mixage en Surround,
une fonctionnalité très attendue par tous les adeptes du
ni multicanal, que ce soit pour le multimédia ou le cinéma.
Et pour couronner le tout, Emagic a offert la mise à jour en téléchargement
libre aux utilisateurs de la version 4.0. Une générosité
que l'on aimerait bien voir plus souvent.
Gros
bras appréciés
Capable de lire un nombre illimité de pistes Midi, et jusqu'à
128 pistes audio mono (ou 64 stéréo) au format 24 bits/96
kHz, Logic Audio réclame tout naturellement une configuration solide
pour fonctionner. Sur PC, même si le programme dit se contenter
d'un simple Pentium à 200 MHz épaulé par 64 Mo de
RAM sous Windows 98, un Pentium II à 400 MHz avec 128 Mo de mémoire
semble être un minimum pour profiter pleinement du logiciel. Idem
sur Mac : si un PowerPC à 120 MHz sous Mac OS 8.5 est théoriquement
suffisant, un bon G3 reste fortement conseillé. Et naturellement,
plus on disposera de puissance, et surtout de mémoire (les 256
Mo valent franchement la peine d'être installés), plus on
pourra empiler les pistes et les plug?ins. Notons, au passage, que Logic
sait tirer parti des nouveaux Power Mac G4 biprocesseurs, ce qui étend
encore ses possibilités en termes de traitements en temps réel.
Voilà qui fera plaisir aux Applemaniacs... Du côté
du disque dur, un modèle IDE rapide (à 7 200 t/min de préférence)
fera l'affaire, mais le SCSI reste chaudement recommandé, ce qui
ne devrait pas poser trop de problèmes au public visé.
L'installation
du programme ne pose aucune difficulté particulière.On peut
juste regretter que le mode de protection du logiciel prenne la forme
d'une clé physique (un dongle), qui non seulement mobilise un port
(série ou imprimante) de l'ordinateur, mais qui, en plus, ne décourage
aucunement les pirates...
En
revanche, on ne peut qu'être impressionné par le mode d'emploi,
qui comprend le manuel intégral de la version 3.5 (plus de 750
pages!), ainsi que les différents ajouts concernant les versions
ultérieures, le tout en français naturellement. Notons qu'un
mode d'emploi complet de la version 4.6 au format PDF sera bientôt
disponible sur le site de l'éditeur (www.emagic.de) et que le logiciel
est lui-même multilingue, une option permettant de le faire passer
en français. Bien vu!
L'une
des grandes forces de Logic réside dans son aptitude à gérer
une très large gamme de cartes audio grâce à différents
modes, certains mettant en oeuvre le
système EASI (Emagic Audio Streaming Interface), une architecture
développée par Emagic pour optimiser les flux audionumériques,
à la façon de l'ASIO de Steinberg.
Multicarte PC et Mac
Sur
PC, on trouve ainsi le mode PC AV pour prendre en charge les cartes multimédias
généralistes (SoundBlaster, etc.) avec le choix entre deux
options, EASI/MME ou EASI/DirectX, la seconde minimisant les latences.
Maison dispose également de modes spécifiques pour les Audiowerk
(les cartes Emagic), la DSP Factory Yamaha, les systèmes Digidesign
du genre Digi001 ou Audiomedia III (en DirectI/O) et les modèles
compatibles ASIO,les plus nombreux aujourd'hui sur le marché.
La liste est encore plus impressionnante sur Mac, avec un mode Mac AV
pour les cartes passant par le Sound Manager (à l'exclusion
des systèmes audio en USB), et des modes dédiés aux
systèmes Digidesign (en DAE pour les configurations Pro Tools ou
en DirectI/O pour les autres), les Audiowerk, la DSP Factor, les antédiluviens
CBX Yamaha (si, si!), la fameuse 1212I/O Korg, les produits Sonorus, les
machines VS Roland et DR?8/16 Akai, et enfin, les modèles compatibles
ASIO ou EASI. Difficile de faire plus souple et plus complet !
Le plus fort de (histoire, c'est que contrairement à Cubase VST,
par exemple, qui ne gère qu'une seule carte audio à la fois,
Logic Audio Platinium sait s'occuper simultanément de plusieurs
cartes (plus précisément, une par mode), ce qui permet d'augmenter
le nombre d'entrées?sorties et de bus (16 par carte!), tout en
panachant les interfaces. On applaudit !
Notons dès à présent qu'en plus de la stabilité,
le portage sur PC du moteur audio de la version Mac a globalement réduit
les latences dans des proportions remarquables. En outre, ce noyau commun
a complètement optimisé la compatibilité Mac OS/Windows.
En chargeant sur Mac un morceau créé sur PC, Logic bascule
automatiquement d'un pilote à l'autre (PC AV vers ASIO, par exemple),
ce qui évite d'avoir à réaffecter manuellement le
routage de chacune des pistes. La grande classe.
Enfin, Logic nécessite une interface Midi pour fonctionner. Et
s'il sait se contenter de celles intégrées aux cartes son
généralistes, il avoue sa préférence pour
les modèles haut de gamme Emagic (comme l'AMT8), puisqu'il tire
parti de leur gestion optimisée du Midi.
Bien
arrangé
L'interface
graphique, identique sur Mac et sur PC, n'a pas changé depuis la
version 4.0. Habillée de gris?bleu et de noir, elle reste d'une
grande sobriété, avec une préférence pour
les petits boutons ronds dans le genre Smarties.
A son lancement, Logic s'ouvre par défaut sur la fenêtre
d'arrangement qui affiche, comme dans tous les séquenceurs audio
et Midi, (ensemble des pistes avec leur contenu le long d'une échelle
chronologique. Comme d'habitude, la partie gauche de la fenêtre
donne tous les détails concernant la piste sélectionnée
dans la liste. On peut ainsi facilement modifier le port Midi ou la sortie
audio sur laquelle on travaille. On trouve également une palette
d'outils qui modifient le comportement du curseur et les actions disponibles.
Non contentes d'être nommées en clair, toutes les pistes
sont associées à des petites icônes bien parlantes
(un instrument pour le Midi, une onde pour l'audio ) que l'on sélectionne
dans un menu local. Un petit plus sympa qui contribue au repérage,
et donc au confort.
Logic
a été historiquement le premier séquenceur à
introduire, en plus des pistes audio et Midi, des pistes du type Dossier
servant, comme sous Windows ou sous Mac OS, à regrouper plusieurs
pistes pour les manipuler ensemble. Une technique très pratique,
par exemple, pour travailler globalement sur un ensemble de cuivres, de
cordes ou de percussions. Mais un dossier peut aussi accueillir un élément
de structure (couplet, refrain, etc.) ou même un morceau entier.
On peut très bien placer plusieurs compositions dans des dossiers
individuels eues enchaîner à l'intérieur de la fenêtre
d'arrangement.
Environnement à soigner
Cette
méthode, qui améliore l'ergonomie du logiciel, avait quelque
peu désorienté les utilisateurs lors de son introduction,
mais elle a fait école depuis, puisque même Steinberg fa
intégrée dans la version 5 de Cubase VST. C'est dire...
La seule difficulté que présente cette technique tient à
la rigueur de l'association des différents instruments qui composent
chaque dossier. C'est justement là qu'intervient le module d'Environnement.
Comme son nom le suggère, celuici sert à gérer, à
(aide d'une représentation graphique, (ensemble des machines et
des modules Midi (synthétiseurs, expandeurs, clavier maître,
interfaces, surfaces de contrôle...) reliés à l'ordinateur,
en affectant chaque élément à un rôle particulier.
De prime abord, on pourrait penser que (environnement se contente d'identifier
les instruments connectés aux différents ports Midi pour
les mémoriser dans des configurations, comme le font des systèmes
tels qu'OMS (Opcode), FreeMidi (MOTU) ou encore des éditeurs Midi
comme SoundDiver d'Emagic.
Mais (Environnement fonctionne à un degré supérieur,
en utilisant la notion d'objets associés à des pistes Midi
et à des fonctions précises, et reliés entre eux
au moyen de câbles virtuels. En pratique, on dispose de plusieurs
types d'objets, selon les instruments: les Simples, qui travaillent sur
un unique canal Midi, les Multiples, qui émettent et reçoivent
des données sur seize canaux à la fois, et les Complexes,
spécifiquement conçus pour les batteries qui disposent d'un
programme par touche, le tout paramétrable par l'utilisateur.
Ainsi, si l'on possède un expandeur multitimbral, on peut le représenter
dans fEnvironnement, à (aide d'un instrument multiple, ou avec
quinze instruments simples et d'un complexe (poux le canal Midi 10, qui
correspond à la section de percussions dans la norme General Midi).
Intégration totale
Mais le mieux, c'est que l'on peut faire subir à ces instruments
toutes sortes de tortures, en les reliant virtuellement à des boutons
de commande ou à des faders (qui peuvent se piloter avec des molettes,
des pédales, des surfaces de contrôle Midi... ), en leur
appliquant des effets Midi (délai, arpégiateurs, harmoniseur...
) ou en filtrant des données (pression, modulation, etc.). Le paradis
des bidouilleurs !
L'ennui, c'est que ce concept d'Environnement, aussi séduisant
soit-il, n'a rien d'évident à maîtriser. II risque
même de fortement dérouter la plupart des utilisateurs, justement
parce qu'il est entièrement paramétrable, et que l'on ne
sait pas toujours à quel instrument réel correspond un objet...
Cette conception assez abstraite est en outre desservie par une représentation
graphique compliquée (on joue avec des calques comme sur Illustrator).
Vraiment regrettable, car l'Environnement reste l'un des atouts majeurs
de Logic par rapport aux autres séquenceurs. Surtout, il est indispensable
d'en maîtriser le minimum pour pouvoir faire fonctionner correctement
le logiciel. Il faudra donc prendre la peine d'y passer un peu de temps,
quitte même à y revenir régulièrement pour
digérer petit à petit toutes ses possibilités.
Notons encore que Logic gère désormais le SDL (Studio Description
Language), un langage servant à décrire tous les composants
Midi disponibles dans la configuration (type, programmes en mémoire,
canaux Midi utilisés, etc.) et à partager ces informations
avec SoundDiver 3.0. Un pas de plus vers la gestion totale du studio.
Sur le plan fonctionnel, même si tout le monde a les yeux rivés
sur l'audio, il ne faudrait pas pour autant oublier que Logic est avant
tout un séquenceur Midi haut de gamme. Travaillant avec une résolution
de 1/3840e de note pour la quantification (et de 1/10000e de temps pour
le tempo), il autorise tous les types d'enregistrements classiques (pas
à pas, en boucle, à la volée, auto punch, etc.),
sur une ou plusieurs pistes simultanément.
Haute
précision
Comme
dans les autres séquenceurs, les blocs se manipulent à la
souris dans la fenêtre d'arrangement, et pour plus de précision,
chaque piste dispose de son propre niveau de zoom, ce qui permet d'agrandir
uniquement celles où il y a quelque chose d'intéressant
à voir. Comble du luxe, quand on agrandit au maximum la portion
à éditer, on voit les notes jouées apparaître
au sommet des régions !
Bien entendu, Logic dispose de différents modes d'édition
associés à des fenêtres spécifiques (liste
d'événements, mode piano, partition... ) qui regorgent toutes
de fonctions pointues. Toutes les opérations sont bien sûr
interactives, et le moindre changement dans une fenêtre est répercuté
en temps réel dans les autres, y compris dans la vue des notes
en miniature! Notons encore qu'il est possible, grâce à la
fonction HyperDraw, d'appliquer graphiquement une courbe de volume, un
panoramique ou n'importe quel contrôleur Midi à la piste
choisie.
Mieux encore, on peut non seulement afficher plusieurs fenêtres
à la fois mais aussi organiser son écran à sa guise,
sauvegarder la disposition de (ensemble des fenêtres dans l'une
des 99 mémoires disponibles et rappeler instantanément n'importe
quelle vue à l'aide du pavé numérique du clavier.
Impossible de s'en passer quand on y a pris goût! II s'agit, là
encore, d'une innovation de Logic (incluse dès la première
version), reprise depuis par Steinberg dans Cubase VST 5.0.
Si les modules d'édition par liste d'événements ou
par clavier de piano; nom lets et très efficaces, ne se distinguent
pas réellement de ce qui se fait chez la concurrence, les modes
Edition Hyper et Score méri
Portée royale
Le premier reprend la structure de la fenêtre d'arrangement (liste
des pistes à gauche, contenu à droite), mais en affichant
les données sous forme de barres verticales (des sortes d'histogrammes).
En les retouchant à la souris, on peut ainsi jouer sur les contrôleurs
Midi (avec une autre représentation que celle de l'HyperDraw),
mais aussi sur les notes, ce qui permet à cette fenêtre de
se transformer en un puissant éditeur de batterie, en donnant un
accès individuel à chaque instrument. Certes, (ensemble
est moins intuitif et moins joli que le module Drum Edit de Cubase, qui
reste la référence du genre, mais on arrive facilement à
ses fins, et c'est bien ce qui compte. D'autant que le mode d'édition
Hyper n'est pas limité aux parties de percussions !
Mais là où Logic prend le large sur la concurrence, c'est
au niveau de son module d'édition de partitions. En effet, contrairement
à certains séquenceurs qui séparent écriture
sur portée de notes Midi et mise en page proprement dite, Logic
sait faire les deux choses dans la même fenêtre. On peut donc
aussi bien écrire sa musique de manière "traditionnelle"
(avec tous les symboles possibles et imaginables) et (entendre instantanément
que tirer une partition d'une séquence Midi, caler un texte dessus
syllabe par syllabe, réaliser des tablatures pour guitare, utiliser
des symboles de batteries... tout est permis! Le plus époustouflant,
c'est encore le moteur d'affichage entièrement
vectoriel qui autorise le travail à n'importe quelle échelle
avec une précision redoutable.
Non content d'être riche et performant, cet éditeur sait
rester maniable, voire intuitif, les opérations se faisant essentiellement
à l'aide des outils courants comme les ciseaux qui permettent d'élargir
ou de rétrécir en un clin d'oeil portées et mesures.
Bref, Logic réussit la prouesse d'être aussi puissant que
des logiciels spécialisés dans (édition de partitions,
comme Finale, tout en restant simple à utiliser pour des musiciens.
Chapeau bas.
Usine
à traitements
L'autre grand pan de Logic, c'est bien entendu tout ce qui concerne faudionumérique,
qui fonctionne, comme chez ses confrères, selon le principe du
Direct-to-Disk. Intégration oblige, les éléments
audio se manipulent dans la fenêtre d'arrangements de la même
façon que les données Midi : on peut donc couper, coller,
déplacer n'importe quel son à la souris. Pour retoucher
précisément les fichiers audio, Logic dispose d'un éditeur
d'échantillons servant à réaliser des opérations
basiques (normalisation, bouclage, insertion de silence, inversion...
). Vu ses possibilités et son habillage franchement rétro
- on est plus proche de SoundDesigner que de WaveLab... -, ce module fait
a priori pâle figure, surtout quand on sait que féchantillonneur
logiciel EXS24 doit aussi s'en contenter...
En fait, l'éditeur d'échantillons dévoile tout son
potentiel au travers de son menu Factory, qui donne accès à
des fonctions beaucoup plus intéressantes. Time & Pitch gère
évidemment toutes les opérations d'expansion-compression
temporelle et de transposition de façon très intuitive.
On dispose pour cela d'une boule que l'on déplace autour de deux
axes, l'un représentant la durée du son, et l'autre sa hauteur,
ce qui permet de jouer dans les deux dimensions simultanément ou
dans une seule, pour rallonger un son sans modifier sa tonalité,
par exemple. Ludique et efficace.
Pulsations
sous influences
Encore plus spectaculaires, les fonctions Groove et Quantize influent
sur les pulsations rythmiques d'un élément audio, ce qui
permet de faire "tourner" des boucles complètement différemment.
Idéal pour parfaitement intégrer une rythmique à
sa séquence Midi. Toujours plus fort, il est possible de convertir
les données audio en Midi, de façon, par exemple, à
extraire la pulsation rythmique d'une boucle pour (appliquer à
des éléments Midi, ou carrément, à faire apparaître
des données audio dans la partition !
Si ces dernières opérations se déroulent avec plus
ou moins de bonheur - les essais restent indispensables -, on ne peut
que saluer ce type de fonctionnalité au
potentiel réellement créatif. Dommage que l'interface graphique
de ce module soit aussi vieillotte...
Si l'éditeur d'échantillons, qui travaille de façon
destructive sur les fichiers, ne paraît pas en mesure de concurrencer
vraiment des logiciels spécialisés comme Sound Forge ou
WaveLab, c'est que (essentiel des traitements audio s'effectuent en temps
réel, directement de la console de mixage audio de Logic. A ce
sujet, notons que Logic travaille avec deux sections de mixage. La première
se charge uniquement des pistes Midi, en proposant des contrôles
de base mais aussi quelques effets General Midi. La seconde, encore plus
riche, est entièrement consacrée à l'audio. Le tout
étant évidemment automatisable.
Disposant d'autant de voies qu'il y a de pistes audio, la section de mixage
audio affiche des fonctionnalités impressionnantes puisqu'elle
offre huit inserts et autant de départs auxiliaires par tranche,
tous capables d'accueillir des effets sous forme de plug-ins - mais elle
sait également gérer seize bus auxiliaires (mono ou stéréo)
avec huit inserts (chacun !) pour envoyer des signaux vers des effets
externes ou construire des sous-groupes. On aimerait bien trouver l'équivalent
sur des consoles physiques !
Le design - élégant mais un peu déconcertant - n'a
pas changé depuis la version 4.0 ; en plus des inserts et des départs,
on trouve une section d'égalisation (à laquelle on
peut associer un simple coupe?bas ou un modèle à quatre
bandes paramétriques), un réglage de panoramique, des affectations
d'entrées et de sorties, un grand curseur de volume accompagné
d'un indicateur de niveau et l'ineffable trio Mute/ Solo/Rec. Classique
mais complet.
Surround
en standard
La grande
nouveauté, c'est la gestion du mixage en Surround, Logic étant
désormais capable de mixer directement en 5.1 ou même en
7.1. Pour cela, il suffit de travailler avec un système à
sorties multiples et d'affecter chacun des canaux de mixage (six ou huit,
selon le format désiré) à des sorties indépendantes.
Dès lors, en cliquant sur une tranche, on bénéficie
d'une sorte de trackball servant à déplacer le son dans
l'espace. Parfaitement intuitif et diablement efficace. Bien évidemment,
il est préférable de travailler avec un matériel
adapté (une carte à sortie multiple comme l'Audiowerk 8
ou des interfaces Digidesign) pour obtenir des résultats impeccables
- les niveaux sont appairés et les temps de réponse identiques
sur toutes les sorties - mais comme nous avons pu le vérifier lors
de nos tests, cela fonctionne déjà très bien en utilisant
les sorties cumulées de plusieurs cartes.
La console de Logic se distingue encore avec un nouveau type d'entrées
extrêmement astucieuses. Baptisées Live, elles sont conçues
pour recevoir des sources externes que l'on peut mixer et traiter avec
les mêmes effets que les pistes audio déjà stockées
sur le disque. L'intérêt? Faire du monitoring en récupérant
les sorties audio de synthétiseurs externes et en les combinant
au mixage général - avec des effets - sans les enregistrer
pendant la phase d'élaboration du morceau. Et une fois que tout
est bien calé, il ne reste plus qu'à faire une réduction
stéréo de toutes ces entrées - avec les effets associés
-, histoire de récupérer un mix sur deux pistes de tous
les synthés externes. En clair, on peut se passer de console externe
et bénéficier d'un mix parfaitement homogène. Grandiose!
Tout cela donne clairement envie de bourrer son ordinateur de cartes afin
de disposer d'un grand nombre d'entrées-sorties. Avec une grosse
configuration, Logic devient vraiment hallucinant.
Effets
à foison
Du côté
des effets audio, Emagic est vraiment très fort puisque, outre
ses propres modules, Logic sait gérer les plug-ins aux formats
DirectX et VST, ce qui le rend compatible avec la quasi-totalité
des extensions disponibles sur le marché.
Mais même en version de base, le logiciel peut affronter sans rougir
la concurrence, les plug-ins intégrés en standard s'avérant
à la fois nombreux (une bonne quarantaine !) et d'excellente facture.
C'est simple, on en trouve pour tous les goûts et tous les usages
: égaliseurs à cinq bandes paramétriques, traitements
dynamiques (compresseur, limiteur, noise-gate, générateur
d'enveloppes), décodeur MS, distorsions, délais, chorus,
flanger, phaser, pitch shifter, effets spéciaux (réducteur
de quantification, filtres automatiques) et réverbérations
(de la plus simple à la plus élaborée), rien ne manque
à l'appel. Bravo !
Tous partagent une interface moderne, avec une robe bleue du plus bel
effet et des potentiomètres très astucieux qui affichent
leur position en valeurs numériques. Les paramètres sont
dans l'ensemble pertinents et les plages de variation bien choisies. Surtout,
leur qualité équivaut à celle des meilleurs bundles
spécialisés, comme ceux de TC Works ou de Waves. Encore
une très belle réussite.
Bien entendu, il n'est pas question de faire le tour d'un logiciel d'une
telle richesse en quelques pages - le magazine entier suffirait à
peine! - et nous passons volontairement sous silence des aspects aussi
variés que les multiples modes de quantification (aussi performants
qu'ailleurs), la lecture synchronisée de séquences vidéo
avec affichage du code SMPTE, ou encore les fonctions d'enregistrement
sur le Web avec le fameux système Rocket Network
qui fleure bon la mode, comme chez Steinberg. Mais il y a déjà
tellement à dire sur le reste...
Complet et
complexe
Au final,
Logic Audio s'impose clairement comme l'un des meilleurs séquenceurs
audio et Midi du marché. Puissant, extraordinairement complet (avec
son superbe éditeur de partitions), il se distingue surtout de
ses concurrents par sa collection de plug-ins, sa gestion des cartes multiples
et son mixage en Surround, une première en la matière. Certes,
malgré ses nombreuses qualités, Logic n'est pas totalement
exempt de défauts. Ainsi, son habillage graphique n'est pas toujours
d'une lisibilité parfaite, certains textes se lisant mal sur fond
bleu et l'organisation des menus n'étant pas toujours d'une logique
absolue. Certains trouveront l'ensemble moins élégant que
Digital Performer, d'autres regretteront l'absence d'un véritable
éditeur de batterie comme dans Cubase, et beaucoup pourront s'étonner
de la limitation de la fonction d'annulation, qui n'autorise qu'un seul
retour en arrière. Rageant, quand on sait que de nombreux logiciels
en gèrent un nombre quasi illimité. Il est vrai, toutefois,
que la concurrence ne fait guère mieux...
En fait, à nos yeux, le seul "défaut" de Logic
réside dans sa relative complexité : tout, ou presque, y
est paramétrable et des fenêtres comme l'Environnement rebuteront
carrément les débutants. Dans Logic, on ne prémâche
pas le travail ; on préfère mettre une foule d'outils à
disposition des utilisateurs qui s'en serviront à leur guise. Mais
une fois entré dans Logic, tout devient rapide et pratique, et
on a du mal à changer de séquenceur. C'est en tout cas ce
que disent les fidèles d'Emagic.
Guillaume
Bouchateau
Cet
article a été publié dans le numéro 6 de Create,
paru en janvier 2001
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